Ce diptyque est une petite perle 🤩!! L’histoire, malgré que quelque peu simpliste aux premiers abords, est captivante, se laissant lire avec facilité et intérêt. Un intérêt suscité par la qualité de la narration, comme celle de l’intrigue, mais aussi par le caractère des personnages et l’univers du XVIIIe siècle. Malgré la fiction et la liberté prise par l’auteur pour les anachronismes (qu’elle avoue elle-même), nous avons là certains faits, personnages, navires, endroits, etc. historiques. Nous découvrons le monde pirate, avec quelques surprises : nous pouvons considérer que cette « mode » était le lancement de l’anarchie (due à la pauvreté, dureté de la jeunesse / vie et la révolte contre la société inégale en place), tout en ayant des règles de conduite et un système presque démocratique (le plein pouvoir ne revient pas au capitaine, qui doit opter pour le choix majoritaire de ses marins). Il y a également l’intégrité. En pleine période de ventes d’esclaves, il n’était pas rare de voir des Noirs affranchis, ainsi que des asiatiques et autres peuples, traités à titre égal. Cette « multiracialité » équitable, cette considération dans les points de vue et cette quête de liberté et d’aventures m’ont réjoui. Enfin, parlons de ce qui ressort le plus : le féminisme avant-gardiste du personnage principale. Le combat d’une femme, noble et soumise aux bonnes mœurs d’alors et aux obligations des riches lui dictant sa vie. Elle commettra l’erreur de perdre sa virginité de façon non pieuse (et d’autres soucis), ce qui la poussera à partir vers des horizons nouveaux. Pour finir sur un brick de flibustiers malgré elle ! Même si j’en ai compris le sens et respecte le choix de l’auteur / du personnage, je n’ai pas apprécié les passages libertins de son passé, passant d’un extrême à l’autre (mariage forcé et fornications), car cela met de côté l’amour. Heureusement, ce sentiment peut naître entre deux opposés, et c’est ce qui fait le charme sur ce point. En terme de philosophie, les remises en question sont intéressantes. Les gens ne sont pas toujours ce qu’ils paraissent. Et parfois nous nous plaignons à tort, car si certains ont la chance d’avoir une meilleure vie, d’autres subissent bien des tourments (rf : passage dans la cale avec les esclaves). J’adore quand elle considère son retour à quai avec un joli corset comme un déguisement, elle qui a vécu et fait tant de choses à mille lieux de ce que font les « gens bien élevés ». En résumé, pour la première partie, c’est donc l’histoire d’une femme révoltée contre son époque et dont une partie d’elle meurt à cause (ou plutôt grâce) aux pirates, qu’ils l’ont kidnappé contre une rançon mais qui vont finalement lui donner un second souffle, une autre vie. Quant à la fin du premier tome, rien à dire. Des fins « cul-cul » auraient été possibles mais celle écrite m’a satisfait : une surprise qui n’est pas venue seule ^^ « Être sauvé de soi-même. » Maintenant, place au second et dernier roman (partie 2 de l’Intégrale), ce coup-ci du point de vue du « pirate principal ». Il s’agit de la suite directe, mais il y également des souvenirs montrant l’aventure depuis le début, vécu par le pirate, ce qui est fascinant. La bascule masculine est très bien gérée, je m’y prends encore plus car je peux plus facilement « m’identifier » en tant qu’homme. Ce qui m’a plu, c’est le côté violent du brigand mais également l’envie que tout cela cesse, les recherches de missions afin de se poser, d’avoir enfin une vie calme, loin de l’obscurité. La piraterie est alors décrite comme un mal pour un bien, le rêve d’une vie meilleure par le fruit de ses propres efforts sans se plier à la société qui les a mis à genoux dès le plus jeune âge. Nous comprenons ainsi ce qui a motivé le capitaine à agir ainsi avec Florence. Que de violence dans la vie de ce Capitaine Kelly ! Quel passé, quelle jeunesse difficile, quelle haine... Nous comprenons mieux le personnage, ainsi que ce qui pousse à être pirate et comment faire des choses que l’on déteste pour pouvoir le rester et être respecté... J’admire les points de vue de l’auteur, les dénonciations de la société d’alors, comme par exemple la remise en question de la peine de mort, légale et acclamée par une foule bercée d’illusions, en la différenciant avec un meurtre pour vengeance ou survie. Ou encore pointer du doigts ceux qui commettent des atrocités en étant épargné par la justice grâce à leur statut, tandis que les gens dits civilisés ne méprisent que les flibustiers, réduit une vie de brigandage plus par besoin que par envie. Je cite : « Si je suis fier, c’est parce que je me suis opposé à eux. Les bonnes gens. Ceux qui regardent et qui se taisent. Les puissants de ce monde commettent des crimes ignobles en toute impunité. Comment accepter d’enchaîner et de violenter un Africain de la naissance à la mort sans aucun autre motif que le profit qu’ils vont en tirer ? Ça ne leur pose pas de problème. Par contre, si quelques malheureux décident de tenter l’aventure du libre-échange pour sortir de la misère, ils envoient corsaires et soldats pour les pourchasser. Les pourritures ! Moi je suis un pirate, un vrai. Un salopard, un meurtrier, un assassin. Je ne me cache pas derrière un voile de fadaises. À défaut d’être porteur de Lumière, j’explose de vérité. C’est moi, l’honnête-gens dans l’histoire ». C’est formidable. D’ailleurs, ça n’a pas beaucoup changé de nos jours... Transition très bien réalisée entre les personnages. En tant qu’écrivain, cet impact ne me laisse pas indifférent. Que de violence. De tragédie. Puis de retournement de situation. De rédemption. De tristesse. De beauté. Une belle œuvre dont la Lumière finie par jaillir des Ténèbres !
blackwings8
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