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ORI (tome 1) : Mémoire fragmentée (partie 1/2) ~ MICHAËL MEJEAN


Sortir un peu de la fantasy pour me tourner vers du thriller, au léger goût de « Split », me procura une agréable sensation. Surtout en compagnie d’Ori !



RÉSUMÉ :


Suite au décès tragique de sa famille, un père va perdre l’intégralité de sa mémoire et, parallèlement, développer de surprenants pouvoirs. Au fil de l’intrigue, alors qu’il recouvre peu à peu ses souvenirs, il ne va pas manquer de regretter un grand nombre de ses choix…






LE LIVRE :


Je le confirme : les livres autoédités peuvent avoir autant (si ce n’est plus suivant l’éditeur) de qualité qu’un livre publié par une maison d’édition !

Ori en est une nouvelle preuve ; autant vous dire tout de suite que j’ai beaucoup accroché à cette histoire, intrigue et qualité narrative.


La couverture est simple, sombre et sobre. C’est du basique pour ce genre littéraire, et ça fait son affaire.

J’ai apprécié celle de la suite de l’œuvre, qui change très peu, tout en apportant un élément qui fait la différence (à contrario du format, regrettablement changé, mais nous reviendrons sur ces points lorsque j’aurai lu cette suite et que je publierai mon avis ^^).


Le résumé est court mais efficace. Le côté pouvoirs / regrets interpelle.

Aurait-il été suffisant pour que je l’achète en librairie ? Je ne sais pas… La lecture de quelques passages aurait sûrement été indispensable. Là, mes échanges avec l’auteur et ses publications sur les réseaux sociaux m’ont convaincu (ah, l’époque moderne !).


Parlons enfin de la mise en page.

Il est vrai que je préfère les pages crème plutôt que blanches, pour le confort des yeux, mais une police d’écriture suffisamment grosse et espacée a largement compensé ce défaut.

Hormis les marges trop étroites à mon goût, l’œuvre est soignée et tout à fait convenable.



L’HISTOIRE :


Un début de lecture tout mignon, dont on se doute qu’il s’agit du calme avant la tempête.

Puis nous entrons rapidement dans le vif du sujet. Ce n’est pas précipité, loin d’être bâclé ; c’est plutôt vite emmené pour nous plonger dans l’ambiance, ce que j’apprécie fortement (je déteste les longueurs lorsqu’elles sont inutiles à l’intrigue).

Une histoire violente, parfois gore, mais ceci n’est pas injustifiée. Cela reste psychologique et digne d’un bon thriller.


Ce monde policier me fait un peu penser à celui des States / films. La réalité est un peu différente, mais quelqu’un qui n’est pas du « milieu » devrait se projeter sans difficulté.

Sur le plan fictif, le scénario tient la route, et la gestion des personnages est satisfaisante.


Dans le quatrième chapitre, nous avons affaire à des doutes, du mystère, on se remémore les scènes passées avec un œil différent, et c’est bien joué !

L’histoire est lancée, avec brio, car je me suis même attaché au tueur ! Le fait d’être régulièrement dans sa tête nous met à sa place ; sans le cautionner, je l’ai compris (ou voulu essayer de le comprendre : compassion), et voilà le genre de protagoniste / anti-héros / antagoniste que j’adore ! Rien n’est jamais tout blanc ou noir ; à mes yeux, cette ambiguïté est indispensable pour une bonne histoire J


Il y a une scène de combat qui m’a fait penser à mon premier tome de Blackwings, c’était drôle de trouver de la concordance dans une histoire totalement différente. Idem, j’ai retrouvé un peu de mon roman avec les échanges en pensées (même si ça ressemble un peu à la série télé Moon Knight, si je devais comparer).


Il y a un côté presque surnaturel, qui ajoute beaucoup d’intérêt au texte. D’autant plus que celui-ci n’est pas abusif, et même expliqué par moment ; l’incompressible est parfois éclairci de façon rationnelle et l’impossible devient donc possible !



LA PLUME :


L’auteur révèle ses forces opposées, pouvant passer de la narration de sentiments profonds à la description de scènes violentes et sombres. Des mots parfois crus, mais qui collent bien, sans aucune exagération.

J’ai tout de suite noté le côté émotionnel de l’auteur, son grand intérêt pour la famille, la place importante qu’il porte à l’amour des êtres chers. Même si cela reste fictionnel, ce ne sont pas de simples mots mais des maux ; il parle avec son cœur, et c’est le genre de lecture que j’affectionne !


Les efforts littéraires sont visibles ; les tournures de phrases sont correctes, très peu de moments pompeux, pas de répétition de mots (la recherche de synonyme est appréciable), et pas de réelles incohérences (voir la partie consacrée aux points négatifs).


Un style plutôt simple mais franc, des moments recherchés et d’autres plus bruts.

Aucun souci avec cette plume, au contraire même, car elle me paraît sincère et aide à l’évasion, sans excès ni ennui.

En résumé, je n’ai pas éprouvé la moindre difficulté à lire ou à me plonger dans le roman.



LES + :


La majeure partie de mon avis fait, je pense (et je l’espère), éloge à ce premier tome.


Je ne rajouterai ici que quelques précisions :


- L’idée très sympathique de donner des surnoms aux personnages ;

- Le jeu du chat et de la souris est super ;

- La psychologie du criminel intrigante (j’ai hoché la tête avec un petit sourire en coin lorsque, par exemple, Ori pli l’uniforme de sa victime après utilisation, puis le laisse dans le véhicule qu’il a volé) ;

- Des messages d’une grande importance, mentionnant des erreurs à ne pas commettre, nous faisant réaliser le bonheur que nous pouvons avoir, ainsi que la méfiance à porter (un bourru peut avoir le cœur sur la main, tandis qu’une personne d’apparence gentille peut manipuler…).


Je termine avec la citation d’un passage de la page 171, que j’ai trouvé grandiose et pertinent :


« Depuis quand avait-elle oublié ce que ce père de famille avait enduré ? Dès le début, se souvint-elle avec dégoût. Avant même que son mari ne soit concerné par cette horrible histoire, elle avait dénigré cet homme pour ce qu’il était devenu, oubliant ce qu’il avait pu être. Comme des milliers de personnes regardant les informations ce soir-là, elle l’avait jugé coupable et éjecté de la société à coups de savate, sans commune mesure ni possible réinsertion. Cette nouvelle vision des choses l’amena à une autre question. Qui était le véritable monstre dans ce genre d’affaires ? Un homme seul contre tous, ayant tout perdu et au bord du désespoir, ou une communauté entière d’êtres humains, prête à sacrifier sans détour et sans regret l’un des leurs, pour peu qu’il soit écarté des clous ? »



LES - :


J’ai trouvé incohérent le fait de poursuivre la narration dans un dialogue (nous pouvons ajouter quelques détails, mais pas la rependre entièrement). D’autant plus que ce dialogue (dans ce cas de figure) se poursuit avec un nouveau cadratin, alors qu’il s’agit des paroles du même personnage (sa suite directe) ! Cela est un défaut à corriger ; même si ce n’est pas si grave en soi, cela peut perturber le lecteur…


Hormis cela (et les marges trop étroites, même si ce n’est qu’un détail), je ne trouve pas de gros points négatifs. Félicitations !



AVIS GÉNÉRAL :


Le livre est assez court, j’aurais souhaité un intégral, mais il permet une approche en douceur, avec un prix et un format intéressants.

Le texte est plutôt simple, toutefois les efforts sont indéniables.

Je suis facilement rentré dans l’histoire, pour être ensuite absorbé (celui m’a valu deux ou trois nuits avec peu de sommeil tellement je voulais connaître la suite XD).

Les liens de la famille sont très forts. Alors qu’Ori peut paraître comme un véritable monstre, il y a un côté humain indéniable. Sa psyché trouble est captivante.

J’avais l’impression que l’auteur me « menait en bateau » et que la fin serait évidente. Plus je lisais, plus je me disais « je le savais », et pourtant, la révélation que j’attendais ne venait jamais ! C’est donc une réussite, voire une inspiration.

Je pense comprendre l’origine du mot / nom « Ori », mais je garde ceci pour moi (il ne faudrait pas trop vous en dévoiler !).

Le tome 2, dédicacé, m’est parvenu récemment ; je vais le lire dès que possible et vous faire part de mon avis. J’attends beaucoup de cette suite, car cette première partie m’a procuré un bon niveau de satisfaction !

Bravo Michaël !



NOTE :

8,5 / 10

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