À l’approche de la sortie cinéma de « Jurassic World 3 », j’ai décidé de lire « Le Monde Perdu », la suite de « Jurassic Park », que j’ai adoré tant en film (jusqu’à en user la bande VHS quand j’étais gamin !) qu’en roman (je conseille le premier tome, divergeant de façon appréciable de l’adaptation cinématographique).
CONCEPT
L’auteur nous propose une approche différente de celle (largement plus connue) de Spielberg.
Les dinosaures ne tiennent pas la place majeure, bien qu’on les mentionne régulièrement et qu’il y ait des scènes parfois assez gores. Les personnages les étudient, on en apprend beaucoup sur eux, l’évolution, la science, mais le sujet principal reste la « bêtise humaine », la théorie du chaos et l’étude de l’évolution avec l’anormalité d’une telle création.
LA PLUME
On croirait parfois avoir affaire à une revue scientifique, sans pour autant rentrer dans de la lecture-documentaire. Il y a de l’action, de la réflexion, un bon scénario.
Toutefois, rien de poétique ou de très recherché… J’ai même eu l’impression de lire un roman assez ancien (alors qu’il est de 1995). Le texte est donc correct, mais sans plus.
IDÉES GÉNÉRALES
Un livre qui parle de dinosaures, où ils sont féroces, intelligents, intrigants, fascinants, mais pas non plus au point d’être constamment le centre de l’attention.
Les personnages sont tous bien exploités, leur séjour sur l’île n’est pas grandiose mais suffisamment prenant pour s’y projeter, et l’action est bien jaugée, avec des phases intenses et d’autres qui poussent au calme et à la réflexion.
Le sujet le plus exploité est l’insulte envers la vie en créant de « aberrations » et mettant en danger tout un écosystème ; en d’autres termes, se prendre pour des dieux et jouer avec la génétique au détriment du respect des êtres vivants.
SOURCE D’INFORMATIONS
Si les films parlent d’abus génétiques, d’espionnage industriel et d’utilisation « d’armes biologiques », le livre va encore loin.
Nous avons des recherches scientifiques, on en apprend beaucoup sur des thèmes variés : mathématiques non linéaires, évolution / extinction, théorie de la complexité, biologie, paléontologie et autres sciences, principe d’incertitude d’Heisenberg, l’impossibilité scientifique d’observer sans modifier, et j’en passe.
Le personnage de Ian Malcolm est celui que je préfère, quelque peu sombre, voire défaitiste mais réaliste, avec un esprit analytique intéressant.
Ce qui m’a le plus satisfait, ce sont (encore une fois) les dénonciations : les préjugés erronés sur les dinosaures, le questionnement sur l’extinction (est-elle uniquement liée aux causes extérieures ou bien au comportement des animaux ?)…
L’auteur nous fait part de sa propre réflexion, basée sur des théories ou des études concrètes. Par exemple, les dinosaures ont existé durant cent cinquante millions d’années et se sont éteints il y a soixante-cinq millions ; l’humain a fait son apparition il y a trois millions d’années, mais notre espèce actuelle (du moins l’être avec les premiers signes de réelle intelligence et une apparence similaire) apparut il y a seulement trente-cinq mille ans. Ce n’est donc rien du tout en comparaison avec les « terribles lézards », et pourtant notre évolution est impressionnante. D’ailleurs, cela cause du tort… Dès la préhistoire, nous faisions disparaître des espèces, notamment à cause de la chasse à abusive. Serions-nous programmés pour la destruction ? Si notre évolution est très rapide, devons-nous penser qu’il en sera de même avec notre extinction ?
Dans un autre contexte, l’auteur nous informe sur plein de choses (zoologie, théorie, voire philosophie) : la raison pour laquelle un nouveau-né humain met du temps à marcher et se nourrir seul comparé aux autres espèces ; comme quoi un changement brutal de comportement pourrait causer une extinction ; un animal complexe change et bouleverse tout un écosystème, pouvant causer la disparition de plusieurs espèces et poussant les autres à s’adapter, donc à changer physiquement (serait-ce ce qui est arrivé aux dino ? L’homme va-t-il dans cette direction, passant de la simple construction de petits villages au cyberespace aussi rapidement ?) ; les créatures ne sont pas de véritables dinosaures mais sont créées en laboratoire, ce qui n’est pas du tout la même chose et c’est bien de l’avoir souligné ; à un certain stade de l’évolution, si l’environnement ne change pas, l’adaptabilité ne dépend plus de l’ADN mais de l’apprentissage, ce n’est donc plus physique mais comportemental, or les animaux du parc étant créés et sans anciens modèles pour apprendre, restent des bêtes sauvages différentes des véritables animaux du jurassique / crétacé, certains sont certes intelligents mais ne connaissent que la loi du plus fort, leur rapport en eux est déplorable, ils négligent leurs petits, doivent à nouveau s’adapter, tout en étant livrés à eux-mêmes dans ce monde perdu, ce qui met ces herbivores géants autant que les super-prédateurs dans le rôle de victimes, et ça c’est remarquable !
CONCLUSION
Malgré des noms de personnages peu commodes à prononcer (si ce n’est carrément moches pour certains lol) et un style d’écriture basique (la faute à la traduction française ?), les sujets traités sont captivants, j’ai dévoré le livre avec une grande curiosité. Les manigances, les dénonciations, la réflexion et les descriptions sont bien maniées. Néanmoins, ce n’est pas une œuvre pour décrocher, et l’aventure reste simple ; on la choisira pour en apprendre plus sur cet univers et ouvrir son esprit sur des sujets sensibles.
J’adore les techno-thriller, je suis fan de « Jurassic Park » et les livres de Crichton m’ont comblé (lorsque j’aurai lu quelques livres de ma PAL, je me pencherai sur « Pirates » du même auteur, et peut-être d’autres ^^).
Je conseille « Jurassic Park » et « Le Monde Perdu » (encore mieux) aux passionnés de ce titre, mais également à tous les autres, car les informations sont riches et les thèmes abordés dans l’histoire très intéressants.
8,5 / 10
Comments